En temps de crise, il est vivement attendu de valoriser des caractéristiques dites « masculines » pour contrer une situation telle que celle engendrée par le Covid-19. La force, des références à un lexique guerrier et la fermeté sont conseillées pour instaurer l’ordre et le respect des consignes. Certains présupposés sociétaux quant à ce que doit être un « leader » réduisent ainsi les possibilités données à d’autres modèles d’action car les qualités telles que l’empathie ou la prise en compte des interrogations et des craintes de la population par exemple ne concordent pas avec l’image d’une personne qui dirige. Or, la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, notamment, ne l’entend pas ainsi et a souhaité lors de ses conférences de presse faire preuve d’empathie et de compassion envers son peuple. Elle a d’ailleurs réalisé dans un second temps un Facebook live depuis chez elle dans le but de répondre aux questions des kiwis.
Le magazine Forbes a publié le 13 avril dernier un article intitulé « What Do Countries With The Best Coronavirus Responses Have In Common? Women Leaders ». L’autrice de cet article souligne en effet que diverses responsables politiques autour du globe ont réagi à cette crise de manière tout à fait innovante : « Generally, the empathy and care which all of these female leaders have communicated seems to come from an alternate universe than the one we have gotten used to ». Cet univers alternatif dont parle Avivah Wittenberg-Cox serait-il celui où il est possible d’allier assurance, puissance et gouvernance tout en adoptant une écoute active des préoccupations d’autrui ? Jacinda Ardern a compris ce que d’autres peinent à appliquer : l’empathie et la proximité avec ses concitoyens et concitoyennes permettent l’adhésion et la confiance de la population. Cette situation inédite permet d’illustrer qu’au sein d’un contexte politico-sanitaire critique il est nécessaire de valoriser des compétences que l’on associe trop rarement à la gouvernance d’un Etat.
Ainsi, impliquer et informer la population lors des prises de décision et communiquer de manière empathique pourrait alors faire partie d’un nouveau modèle de leadership en accord avec les préoccupations actuelles. Cette démarche pourrait ainsi s’étendre à d’autres domaines de la société telles que les entreprises. C’est, en effet, à la suite de contextes de crise que les organisations peuvent décider d’édicter de nouvelles marches à suivre, tant en matière de santé et de prévention qu’en termes de leadership participatif et humaniste.